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L'AGRICULTURE ET LA TRANSITION ALIMENTAIRE

Par Yves MASSOT - Fait à Tours le 26/11/2018 et complété́ le 25/02/2021

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Rappel des fondamentaux : Au cas où nous l’aurions oublié, Pierre Rabhi nous rappelle que la terre est nourricière ; il est urgent de se réapproprier ce concept vieux comme Hérode. Et pour cause, depuis des lustres, notre nourriture arrive dans nos villes et métropoles par camions entiers de 38 tonnes ou par avions cargos. Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller sur les marchés de gros ou les aires de livraison des hypermarchés. Dans la dynamique de la traçabilité, il serait intéressant d’indiquer l’équivalent carbone lié à la production, à l’emballage, au stockage et au transport.

 

Renoncer à l'habitude, c'est croire au progrès : nos responsabilités individuelles et collectives sont engagées et il est impérieux de changer nos habitudes et nos usages. De nombreuses voies de progrès pour inverser cette regrettable situation sont simples et rapides à mettre en œuvre. Lorsque des intérêts sont en jeu, ça devient difficile, car les lobbyistes, veillent, surveillent et sont sans foi ni loi. Rendre le territoire autonome est un objectif vertueux. Pour instituer les circuits courts, les labels de produits locaux commencent à voir le jour. Les nouvelles technologies doivent venir au secours de la traçabilité avec la technique du QR-Code. 

Les jardins familiaux : La Ville de Tours propose, par l’intermédiaire d’associations de jardiniers, la location d'une parcelle pour cultiver fleurs, fruits et légumes. C’est ainsi que 1327 jardins familiaux sont mis à disposition, repartis sur 19 sites. Au niveau de la métropole, c’est plus de 3000 jardins familiaux, dont 60 viennent d’être inaugurés à la gloriette ; il faudra encore progresser, car la demande est toujours existante et insistante ! Le jardinage est un loisir, une saine distraction et la récolte est un vrai régal. Aujourd’hui, on construit des immeubles avec des jardins collectifs en pied d’immeuble et des espaces individuels et des serres en terrasse.

 

Les marchés et les circuits courts : Dans la gamme des circuits courts, il existe une vieille institution tourangelle qu’est le marché́. Il y en a 16 sur Tours très actifs et assidûment fréquentés. C’est un lieu de rencontre et de grande convivialité́ pour les quartiers. C’est la meilleure démarche commerciale pour les agriculteurs de vendre leur production en direct et à bon prix. Pour les réactiver, voire les multiplier, tous les acteurs doivent se mobiliser : les collectivités territoriales pour l’aménagement d’espaces modernes, accessibles et attractifs, les producteurs-commerçants pour proposer des produits de qualité́ et des services innovants et les clients pour reprendre le chemin du marché́ et délaisser celui du supermarché. 

Facteur de santé publique : Une prise de conscience des effets de la qualité́ de la nourriture sur la santé est en train d’émerger. Mesdames et Messieurs les promoteurs de la malbouffe, l’étau se resserre et je souhaite ardemment que prochainement, vous puissiez manger votre chapeau avec vos produits frelatés. On connait les bienfaits de la nourriture saine sur la santé. Il n’a aucune discussion possible. La règlementation doit encore évoluer et les contrôles nécessitent d’être renforcés. Rappel de l’article 5 des droits de l’homme : « La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas ».

 

La ferme urbaine : Notre capitale s'apprête à accueillir en 2020 la plus grande ferme urbaine d'Europe sur le toit du parc des expositions de la porte de Versailles. Il est envisagé de produire une tonne de fruits et légumes par jour en pleine saison à partir d'une trentaine d'espèces de plantes différentes soignées par une vingtaine de jardiniers. 

Les jardins perchés : Il s’agit d’un projet expérimental à Tours-Nord, associant la construction de 76 logements locatifs sociaux à la création d’une ferme maraichère urbaine professionnelle se développant à la fois sur les toits de la résidence et au sol. L’inauguration a eu lieu le 8 octobre 2019. Les premiers locataires sont attendus à partir de mi-novembre et les premières récoltes seront pour le printemps 2020. 

Mutualisation de moyens : La Ville et le CHRU de Tours s'associent pour construire une cuisine centrale. Actuellement, celle de la ville produit chaque année 1,5 million de repas pour les agents de la ville, les crèches et les groupes scolaires, mais date de 1976 et est très vétuste. Quant à celle du CHU, elle prépare la même quantité́ de repas, mais est plus récente puisque datant de 1997 ; elle est un très exigu ce qui interdit toute possibilité́ d'extension. Après la réalisation d'une étude de faisabilité́, les deux partenaires ont confirmé́ l'intérêt de mutualiser leurs moyens en créant un groupement d'intérêt public (GIP). Cette structure permettra de produire plus de 3 millions de repas par an et sera érigée dans l'emprise du nouvel hôpital Trousseau. Cet équipement estimé entre 17 et 21 millions d’euros va permettre d’optimiser les coûts d’investissement et de fonctionnement, tout en permettant de produire des repas d’un niveau qualitatif élevé́, de poursuivre leur engagement en faveur des produits locaux et bénéficier de l’agriculture très partie prenante. 

Agriculture périurbaine : La métropole de Tours Val de Loire a lancé́ un vaste projet de développement de l'agriculture périurbaine en collaboration avec la Chambre d'Agriculture et l'agro campus de Fondettes afin d'aider les porteurs de projets à entreprendre, à s'installer, s'équiper, cultiver, produire et vendre des fruits et légumes. L'objectif principal est d'augmenter l'approvisionnement de la cuisine centrale en produits locaux (actuellement de 20%) qui transiterait par une légumerie centrale. 

L'agriculture verticale : Le continent asiatique est probablement à ce jour le plus avancé dans l’agriculture verticale. Le Japon a réquisitionné́ près de 300 entrepôts transformés en fermes urbaines. À Singapour de multiples projets ont été mis en œuvre et d'ores et déjà̀, plusieurs tonnes de fruits et légumes sont produits chaque jour grâce à l’aquaculture. En France, comme cela arrive souvent, l’innovation et l’expérimentation sont plus lentes qu’ailleurs. Une première tour-ferme verticale verra le jour en 2019 à Romainville dans le 93. Deux tours et 2184m2 permettront dès avril prochain aux quelque 26 000 habitants de vivre officiellement dans ce système du futur en achetant fruits et légumes sans intermédiaires. 

Conclusion : telle la fourmi pour l’hiver, nous devons nous inquiéter d’ores et déjà de notre nourriture pour l’avenir.

La population mondiale ne cesse de croitre ; nous sommes aujourd’hui 7,7 milliards d'individus, nous serons 9,7 milliards en 2050 puis à 10,9 milliards en 2100. Une personne sur trois n'aurait pas accès à une "alimentation saine, durable et équilibrée" en 2050, d'après l'Organisation Mondiale de l'Alimentation et de l'Agriculture. La demande alimentaire des pays en développement croît de 2,6% par an. Parallèlement, l’interdiction des pesticides va infléchir la productivité agricole et le gâchis alimentaire est un véritable fléau mondial entre la production, la distribution et la consommation. Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées, soit l'équivalent de 150 kg/hab./an. Le réchauffement climatique commence à faire des ravages et les répercussions sur l’agriculture deviennent inquiétantes.

Voilà une équation à plusieurs inconnus qu’il serait judicieux de commencer à résoudre avant qu’il ne soit trop tard.   

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Tour maraîchère de Romainville

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