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Le bâtiment de demain

Fait par Yves MASSOT le 27 juillet 2023

Les bâtiments font la ville

et les citoyens font la cité.

Jean-Jacques Rousseau

Préambule : grâce aux techniques informatiques, à l’intelligence artificielle, à la robotique et aux automatismes, le bâtiment de demain poursuit inéluctablement sa mutation afin d’être en symbiose avec la ville du futur. L’inclusion urbaine, la transition énergétique et le réchauffement climatique modifient considérablement la conceptualisation des nouvelles constructions. Les passoires thermiques vétustes et sans intérêt historique ou patrimonial doivent laisser place à une architecture moderne pour répondre à cinq principes : l’habitabilité, la durabilité, la neutralité carbone, la résilience et l’accessibilité ; c’est ce que je vous suggère d’évoquer maintenant.

Mutation cornélienne : le secteur du bâtiment a subi ces dernières années moult changements et, contre toute attente, il s’est toujours adapté aux nouvelles contraintes, et pour les plus essentielles :

  • Les réglementations thermiques des années 2012 et 2020.

  • L’artificialisation des sols, l’obligation de maintenir des espaces verts en pleine terre.

  • L’habitabilité et la compatibilité avec le plan de prévention des risques d’inondation,

  • La sécurité avec la protection incendie et anti-intrusion,

  • Les conditions d’accessibilité des personnes à mobilité réduite,

  • Les choix des matériaux ininflammables,

  • Le renouvellement de l’air intérieur,

  • La limitation de l’usage de colles et peintures polluantes,

  • L’aménagement de garages à vélo et locaux communs de service,

  • La détection et l’évacuation du plomb et de l’amiante (pour la rénovation).

  • Et toutes les autres réglementations liées au plan local de l’urbanisme

Elles ont eu pour effet d’accroître considérablement le coût de la construction de 15 % en 10 ans en euro constant. En contrepartie, le gain de productivité de la profession progresse et la concurrence limite la flambée des prix.

Les nouvelles technologies à la rescousse : les activités du numérique se sont imposées dans la conception de la construction. Jusqu’alors, deux appellations étaient usitées : la gestion technique du bâtiment (GTB) dédiée au secteur commercial, tertiaire et industriel, et la domotique pour la maison individuelle et le logement. Le développement de ces technologies a commencé par les installations électriques, le chauffage et la climatisation. Il s’est poursuivi par d’autres équipements comme l’anti-intrusion, la vidéosurveillance, l’interphone, la protection incendie, la commande des ouvrants, l’arrosage automatique, etc.

Les courants faibles (24 volts) sont destinés à distribuer les informations liées au fonctionnement et à la régulation. Les courants forts (220 volts) alimentent l’énergie électrique de puissance.

Deux tensions. Deux réseaux. Deux technologies. 

Dépendance et compatibilité : la GTC(1) et la domotique se sont développées au gré du temps avec des systèmes propriétaires, interdisant toute modification ou interopérabilité entre les différents appareils. Le numérique, la fibre optique, et l’intelligence artificielle vont bousculer tout ce petit monde afin qu’à partir d'une seule et même console, le pilotage, le contrôle et la gestion puissent être possibles. Grâce à l’isolation renforcée, à des ouvrants modernes, aux nouveaux modes de chauffage, de rafraîchissement, et de ventilation, nous devons mettre sur le marché des immeubles à énergie neutre, voire positive… C’est l’enjeu pour notre planète !

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1 - GTC = Gestion Technique Centralisée

La relève à distance : comme les usagers ne sont pas tous techniciens, les propriétaires de maisons individuelles se font aider et conseiller dans la conduite des installations techniques de leur patrimoine bâti. Pour l'habitat collectif, des spécialistes de la maintenance proposent des contrats d’entretien ou d’exploitation de différentes natures. Dans tous les cas, le besoin de maîtriser les ressources caloriques et énergétiques est nécessaire. C’est ainsi que sont arrivées sur le marché, la relève à distance pour l’eau, le gaz (Gazpar), l’électricité (Linky) et le chauffage collectif (Schlumberger) avec en prime, la dématérialisation de la facture ! Les exemples sur les bienfaits de l’individualisation de la consommation ne manquent pas. Ainsi, un bailleur social a réalisé 30 % d’économie d’eau en passant d’une tarification forfaitaire à un décompte par locataire grâce à des compteurs connectés installés dans les gaines techniques palières. Le portefeuille, c’est la corde sensible du consommateur.

 

Un immobilier adapté pour une ville inclusive : la pandémie a mis en avant les difficultés de la gestion sanitaire dans les maisons de retraite et la solitude des séniors. Pour avoir visité un certain nombre d’établissements au cours de mon mandat d’adjoint au maire de Tours, je comprends aisément le farouche besoin des plus anciens à vouloir rester chez eux. La perte d’autonomie progressive, est-elle compatible avec le maintien à domicile de nos aînés ? Les architectes d’intérieurs et les ergothérapeutes développent une thèse intéressante qui consiste à inciter les séniors à faire de l’exercice en permanence, et en particulier, à monter les escaliers, marcher, bricoler, danser. L’action est encore le meilleur antidote à la solitude. Mais lorsque l’invalidité touche l’occupant, des artéfacts s’imposent.

Yves DAUGE, ancien maire de Chinon (37), a créé l’institut du Mai dans sa ville. Cet organisme équipe des appartements avec des automatismes, des mécanismes et des agencements de nature à aider les personnes handicapées à vivre en parfaite indépendance. Une période de formation leur est fournie dans l’établissement, siège de l’association, afin de bien les préparer à résider en toute autonomie, et s’habituer aux différents équipements E-tech de leur nouveau logement. La visite de cet institut a été déterminante pour achever ma propre conviction sur les bienfaits du numérique et de l’intelligence artificielle au service de l’homme, du bâtiment et de la ville inclusive.

Ils l’ont fait, donc c’est possible : challenger est le siège emblématique de la Société Bouygues à Saint-Quentin-en-Yvelines et a bénéficié entre 2010 et 2014 d’un important programme de rénovation. À la pointe du confort et de la modernité, et conforme aux normes environnementales les plus exigeantes, cette rénovation expose tout le savoir-faire du Groupe. C’est l’un des tout premiers immeubles tertiaires à énergie positive. Les points essentiels et les chiffres clés se résument ainsi :

  • Utilisation de la terre comme ressource naturelle, par l’installation de la géothermie sur 75 sondes sèches à 100 mètres de profondeur,

  • Amélioration des performances thermiques de l’enveloppe du bâtiment par l’implantation de façades ventilées, le renforcement des isolations et la réfection des étanchéités,

  • Installation de plus de 21 500 m² de panneaux photovoltaïques répartis sur les terrasses, la ferme solaire, les toitures du cockpit et des locaux techniques,

  • Les zones humides assurent naturellement l’épuration des eaux pour les réutiliser sur le site (entretien des espaces verts, chasse d’eau des sanitaires et l’expansion de la biodiversité locale),

  • Remise à neuf des espaces de bureaux (amélioration du confort acoustique, thermique, visuel et de la qualité sanitaire)

  • Développement d’un programme spécifique pour laisser dériver automatiquement la température entre 21 et 25 °C,

  • Conception d’un système hybride de production d’ECS(2) électrique/énergie solaire avec une garantie de régulation.

  • Économie de 60 % de la consommation d’eau de ville est grâce à l’implantation de 2800 m² de jardins filtrants qui dépolluent les eaux usées et pluviales avant leur réemploi.

Et pour clore ce descriptif, 400 places de parking sous-terrain ont été créées, sachant qu’aucun véhicule n'est toléré stationné en surface !

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2 - ECS = Eau Chaude Sanitaire

 

L’émergence des nouveaux métiers du bâtiment : elle interviendra en trois étapes dans le cycle du Smart Building et dans l’accompagnement de la maîtrise d’ouvrage, précise François-Xavier Jeuland, président de la fédération française de la domotique, à savoir :

  • Le conseil avec AMO(3), smart building,

  • L’intégrateur se situera au cœur de l’étude et des équipements du bâtiment connecté,

  • La maintenance fera appel à des opérateurs de service, pour s’assurer, de son efficacité, son efficience et son évolutivité.

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3 - AMO = L’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage joue un rôle de conseil et d’assistance au maître d’ouvrage à l’exclusion de toute autre fonction de représentation et ne prend pas de décision.

 

La loi à la rescousse : lorsque l’on parle d’économie d’énergie avec devis en main, le client ne s’y retrouve pas du tout ; le montant paraît exorbitant et le temps de retour excessif. C’est la raison pour laquelle ce marché ne se développe pas. Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde, proclamait Archimède. La réglementation est un excellent levier pour faire évoluer les usages, car l’heure de la persuasion n’est plus d’actualité. La suppression de l’alimentation en fioul domestique pour 2025 commence à porter ses effets. La loi ÉLAN a pour objectif de réduire la consommation des édifices tertiaires, de plus de 1000 m², de 60% entre 2010 et 2050. Ce ne sont pas des mesures très populaires, mais surfer sur des sujets comme les transitions écologique et énergétique, relèvent de l’irresponsabilité dès l’instant où les générations futures seraient vouées à de tristes destinées.

Les citoyens attendent des approches innovantes en matière d’urbanisation ainsi qu’une plus grande maîtrise de la longévité de la construction et de ses équipements. Or, ce secteur doit faire face à des problématiques de productivité, tant en raison de la complexité des projets, du coût, et de la fragmentation des métiers.

 

En conclusion : il est désormais réaliste de :

  • Faire des économies d’énergie substantielles,

  • Partager des connaissances et des savoir-faire dans toute la chaîne de valeur,

  • Donner naissance à des concepts originaux,

  • Permettre le maintien à domicile des personnes âgées et des PMR(4),

  • Sécuriser les occupants et les biens par des dispositifs anti-intrusion et d’alarme incendie,

  • Intégrer les bâtiments récents au sein de la smart city afin d’obtenir une ville inclusive, connectée et agréable à vivre.

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4 - PMR = Personne à Mobilité Réduite

 

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