La transition numérique
Deuxième partie - Le numérique chez les Séniors
Par Yves MASSOT : fait à Tours 1er septembre 2022 et mis à jour le 24 juillet 2023
Pour ou contre
Les activités du numérique et de l’intelligence artificielle se développent à grands pas. L’exclusion des séniors dans l’utilisation de ces nouveaux modes de communication est-elle à craindre. Les optimistes prétendent que l’ordinateur se compare à une fenêtre ouverte sur le monde et est un prolongement de notre cerveau. Les pessimistes estiment que ces technologies dégradent les relations humaines, condamnent l’ère du papier pour laisser place au royaume de l’immédiateté et du virtuel. Les réseaux sociaux seraient-ils devenus des exutoires de haine, des déversoirs d’insultes exprimées dans un français très grossier et flanqué d’une orthographe médiocre ?
Questions, réponses :
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Le 21e siècle sera-t-il celui du digital ?
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L’innovation est-elle vraiment au service de l’individu ?
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L’informatique va-t-elle annihiler le présentiel ?
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La robotique et l’intelligence artificielle supprimeront-elles des emplois ?
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L’illectronisme touchera-t-il les séniors et accentuera-t-il leur isolement ?
D’autres grandes inventions ont bouleversé notre humanité comme l’électricité, le cinéma, l’imprimerie, l’automobile, la photographie. Dire que tout est bien ou mal serait excessif.
La mutation de l’informatique peut se comparer avec celle de l’imprimerie. Ces deux technologies ont fait évoluer d’une façon considérable la culture, la communication et la connaissance. L’industrie de l’édition a régressé, certes, mais ce secteur a créé de nouveaux emplois et services ; l’offset a bien remplacé la rotative avec un gain de productivité sans précédent et un renforcement de la qualité.
L’éthique au secours de la pratique
À chaque découverte, ou innovation, les utilisations bienveillantes comme les plus perverses ou dangereuses sont à optimiser. À cet égard, rappelons que pour enfoncer un clou, le marteau est très efficace ; il peut aussi servir à casser le crâne de son pire ennemi. Les comités d’éthique se développent, et c’est pour notre plus grand bien. Ils doivent anticiper les excès, alerter des risques et contrôler les pratiques. Par ailleurs, la constitution de 1958 précise que la liberté ne peut s’exercer sans égalité et fraternité. Pour assurer une saine gestion de la transition, la vulgarisation, la sensibilisation et la formation sont de rigueur ; la bienveillance, la compréhension et le respect sont capitales.
Savoir, c’est bien ; transmettre, c’est mieux
Les plus jeunes arrivent avec leurs ordinateurs et téléphones portables greffés au bout des doigts, avec, dans leur besace, d’autres projets de vie, et une indéniable anxiété. Les plus anciens ont acquis de l’expérience et de la sagesse ; la peur d’être dépassés par la modernité les angoisse. Les traditions sont bafouées, et ce sont les juniors qui forment les séniors. Cette connexion cognitive intergénérationnelle renforce la solidarité, enrichit les acteurs et favorise le respect. Ne craignons pas l’informatique ; c’est un outil — rien de plus !
Les séniors sont-ils branchés ?
Selon un article de Thomas Moysan(1), journaliste de CB News, nous apprenons que 98 % des plus de 65 ans possèdent dans leur foyer un ordinateur, 84 % un smartphone et 63 % une tablette. Quant à leur emploi, 63 % s’en servent au moins une fois par jour pour téléphoner, 53 % échanger avec la messagerie, 40 % pour s’informer sur l’actualité, 30 % effectuer des recherches sur Internet, 27 % bénéficier des réseaux sociaux, 18 % consulter leur compte bancaire, et 11 % écouter de la musique. Pour leurs loisirs les plus de 65 ans l’utilisent, au minimum, chaque semaine : 48 % pour prendre des photos ou des vidéos, 24 % pour prévoir des activités, 22 % pour payer en magasin, 18 % pour regarder des films ou des séries, 14 % pour profiter des jeux vidéo, et 10 % pour faire de nouvelles rencontres.
La visioconférence (Zoom, Skype, Weber) a été providentielle, pendant la période de confinement, pour cette tranche d’âge. Parallèlement, les services de l’État, des collectivités locales, territoriales et les métiers de la santé se numérisent. Il est très facile, aujourd’hui d’obtenir un rendez-vous chez le médecin grâce à l’application « Doctolib », la plus usitée. Cependant, pour le délai, c’est une autre affaire…
Voilà des données qui bousculent les idées reçues sur l’illectronisme des séniors.
1 - Thomas Moysan est journaliste (carte de presse n°129843), producteur de contenus, passionné par la formation, la mutation des médias et de la tech, l'écosystème audio et les enjeux stratégiques social media. (Linkedin)