La transition numérique
Par Yves MASSOT : fait à Tours 1er septembre 2022

I - Effet de mode ou dispositif de progrès ?
Unicité et faillibilité : La singularité de l’être humain se détermine désormais grâce à son code génétique, mais aussi à bien d’autres facteurs comme l'intelligence, l'éducation, la confession, la culture, l'apprentissage, l'environnement familial et professionnel, la formation, l'expérience, le caractère, les qualités, les défauts, etc. Ses erreurs, ses oublis, ses fautes, ses omissions le rendent faillible et engendrent des mensonges, des renfermements, des débordements, des frustrations, voire de la haine. L'art de la réussite consiste à transformer ses faiblesses en source de progrès. La communication est un des dispositifs à notre disposition pour y parvenir, et consiste à mettre, l’information et la connaissance détenues par les uns à la disposition des autres.
La communication, mode d’emploi : Pour que cette communication s’établisse, certains principes sont respecter. Il faut en l'occurence :
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Mettre en contact, sur un sujet donné ou sur une information, les personnes averties et les néophytes en quête de savoir,
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Admettre l’erreur, et la considérer comme pédagogique, en prenant maintes précautions pour ne pas la reproduire.
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Reconnaître son ignorance, c'est ouvrir la voie de la connaissance,
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Transmettre ses compétences pour pérenniser les métiers et les savoir-faire,
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Organiser des échanges « gagnants, gagnants », afin de valoriser les relations humaines, avec sympathie, voire empathie,
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Éviter de confondre, communication et relation. La première repose sur l’attention, et l’autre est basée sur l’intérêt,
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Observer les règles élémentaires de courtoisie, de politesse et de gratitude ; elles participent à répandre une bonne ambiance,
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Gérer alternativement la demande et la fourniture d’aide.
Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive…
L'économie du savoir : Jean-Michel SAUSSOIS note en préambule dans son article sur les echos.fr
« En prenant la place jadis tenue par la terre ou l’énergie, le savoir bouleverse la donne. L’exercice du pouvoir par la rétention d’information, ou la relation entre le salarié et son entreprise, rencontrent une mutation. Encore faut-il aller jusqu’au bout de la démarche. »
L’économie de la connaissance est devenue un investissement incontournable pour les sociétés modernes. En se dotant de moyens ambitieux et novateurs, nous ferons prospérer durablement ce capital immatériel.
Oui ! Monsieur SAUSSOIS, il faut aller jusqu’au bout de la démarche, et je vous propose de poursuivre le voyage.
La pyramide de Monsieur MASLOW : Une fois de plus, faire référence aux travaux de MASLOW n’est pas inutile. La connaissance contribue, pour beaucoup, à l’accomplissement de soi-même ; elle renforce l’autonomie, développe la motivation, dévie des sentiers battus et jalonne la voie de la créativité.
La gestion des documents, du contenu et du savoir : La GED (gestion électronique des documents) est un des outils qui assure la numérisation des documents avec, pour la plus répandue, la gestion du courrier entrant dans les grandes entreprises et administration. Les techniques de la reconnaissance optique des caractères, les mots clés et la performance des moteurs de recherche sont des outils d’aide à l’organisation du contenu. La gestion du savoir, c’est l’affaire des hommes. La littérature dans ce domaine est prolifique, et vouloir réinventer « le fil à couper le beurre » serait particulièrement inutile.
Information portable ou quérable : Désormais, avec les TIC, l’information est quérable lorsqu’elle est à la disposition de l’utilisateur, et il est contraint d’aller la chercher. C’est la plus usitée et les cybersurfeurs ou les netsurfeurs ne me démentiront pas. L’information portable est communiquée directement aux intéressés : le pourvoyeur d’informations va proposer à son client un abonnement sur les thématiques sélectionnées par ce dernier. Aujourd’hui, la presse s’est organisée pour offrir des forfaits à ses lecteurs pour qu’ils accèdent à plusieurs quotidiens, hebdomadaires et mensuels.
La toile se tisse et la maille s’affine : les statistiques mondiales se résument en quelques données :
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6,2 milliards d’ordinateurs sont en service selon un bilan de 2021.
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125 millions de PC et tablettes digitales sont mis en service entre 2020 et 2021.
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5,19 milliards d’abonnés possèdent un téléphone portable.
Le commerce électronique, en France, retrouve une croissance à deux chiffres en 2021 ; le chiffre d’affaires dépasse les 129 milliards d’euros. De nouvelles activités se développent et des métiers se créent, comme le designeur, l’expert en cybersécurité, le community manager, l’intégrateur web, et bien d’autres afin de gérer les data center et les clouds compuding.
Actuellement, c'est le secteur le plus dynamique avec un rythme de 35000 embauches par an.
Les techniques de l'information et de la communication (TIC), facteurs d’amélioration de la productivité : Parmi les différentes techniques les plus utilisées en entreprise, le dessin assisté par ordinateur (DAO) a fait ses preuves. Les usagers n’envisagent plus un retour en arrière pour plusieurs raisons, et pour ne citer que les principales :
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La qualité de l’ouvrage réalisé est meilleure,
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Le graphisme et la méthodologie sont identiques pour tout le monde,
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Le gain de temps est considérable, car l’outil gère les fonctions répétitives,
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Le document se partage sans difficulté numériquement,
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Les métrés, les quantitatifs et les nomenclatures s’automatisent,
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Le travail s’effectue par couches successives,
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La conception en trois dimensions permet des visites virtuelles des locaux munis de leurs équipements. Cette technique a fait progresser les ventes dans l’aménagement et la décoration de la maison individuelle et des appartements.
Les TIC, facteurs d'accroissement de la rentabilité : La WEF ; World Econonomic Forum (entretiens de DAVOS) confirme l’impact du numérique dans la rentabilité des entreprises qui en font usage, et parmi les progrès enregistrés, on peut souligner les suivantes :
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Une augmentation de la productivité,
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Une baisse des coûts,
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Une meilleure conscience de l’environnement,
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Une amélioration de l’efficacité de la prise de décision, grâce à la veille stratégique ;
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Une organisation moins hiérarchisée,
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Un partage de l’information et des connaissances,
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Une gestion optimisée des ressources humaines (recrutement, gestion des carrières, formation, e-learning, etc.),
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Un nouveau mode de vente avec les sites Web, du commerce électronique, et le clic and collect,
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Une baisse des coûts d’approvisionnement,
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Un développement de l’entraide grâce à l’implantation de plateformes collaboratives,
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Une amélioration de l’image de marque de l’entreprise.
Les TIC vues par la jurisprudence : Le manque de prévoyance, dans la mise en place des nouvelles technologies dans l’entreprise, est reconnu par la jurisprudence comme étant une faute au sens de l’article L. 624-2 du code du commerce (anc. art 180 de la loi du 25 janvier 1985) (CA Paris, 30 sept.1991 : bull. Joly, 1991, p.1041). Le lien de causalité entre la faute et l’insuffisance d’actif, doit être établi. Quant au montant de la condamnation en comblement de l’insuffisance d’actif, il relève de l’appréciation des juges du fond qui tiendront compte de la gravité de la faute du dirigeant, et de son comportement (CA Rouen, 19 déc. 1991 : RJDA 1992, n° 520). J’ai utilisé ce moyen, car il se cumulait avec d’autres griefs formant ainsi un faisceau d'erreur.
Les TIC, facteurs de cohésion sociale :
1 — Les valeurs : avant d’exiger toute éthique, chacun doit respecter les principes fondamentaux. Le fil rouge, c’est la cordée vertueuse à organiser pour ouvrir la voie individuelle et collective à l’excellence. Dans cet ordre d’esprit, on peut envisager deux axes stratégiques pour le développement des TIC dans l’entreprise : les logiciels du marché, et les applications déployées en interne.
2 — Les progiciels : En règle générale, ils s’articulent autour d’une contrainte réglementaire, avec par exemple, la comptabilité générale, la paie. Ils se conçoivent aussi pour répondre aux besoins d’une filière professionnelle. Ils doivent être judicieusement choisis. En effet, l’ergonomie, le paramétrage, l’accès et l’utilisation faciliteront l’adoption de l’outil par les équipes. Compte tenu de la complexité de certaines activités fonctionnelles, comme la gestion des rémunérations et des ressources humaines, l’externalisation des modifications substantielles par le fournisseur, ou un prestataire aguerri, est recommandée.
3 — les développements internes : ils doivent être imaginés et structurés en fonction des valeurs, de l’organisation, de la culture et des métiers de l’entreprise. L’architecture informatique revêt une importance capitale et le « patron » doit en être l’initiateur et le garant. L’accès à l’information étant libre, les mentalités de tous les acteurs doivent évoluer. L'ingénierie choisie permettra de positionner les collaborateurs en situation de responsabilité et d'autonomie. La bonne utilisation de ces nouveaux outils, par toute la structure, devra être soigneusement contrôlée. Le développement de l'esprit critique alimentera la hot line, et fera progresser les fonctionnalités.
4 — De la complexité à la simplicité : À partir des contraintes normatives et organisationnelles, le concepteur gère la complexité lorsqu’il construit le cahier des charges. Le Workflow doit faciliter la tâche de l’utilisateur afin d’éviter la double saisie des mêmes informations, d’une étape à l’autre. Partant également du principe, que les choses simples fonctionnent bien, tout doit s’accomplir avec la collaboration des salariés ; les astuces, les utilitaires, l’ergonomie, la présentation, la mise en page, le design et l’efficacité de la hot line concourent au succès. L’usager s’approprie mieux l’outil, et l’apprentissage se réalise alors d’une façon intuitive, ludique et progressive.
5 — Le management du changement : Il reste à élaborer les étapes du changement et les mettre en œuvre avec prudence et détermination. L’anticipation et la mesure des risques encourus individuellement (exclusion), et collectivement (inutilisation du dispositif) doivent faire l’objet d’une infime précaution. Dans cette phase, la psychologie, la disponibilité, la pédagogie, et les compétences des personnes en charge de la hot line sont primordiales. Les bugs rencontrés seront rapidement corrigés, et les modernisations souhaitées seront intégrées, dans l’élaboration des versions suivantes. En perfectionnant les relations entre les acteurs, on place l’informatique dans une dynamique positive, et on améliore l’efficience du système.
L’homme au centre du dispositif : Nous sommes irrémédiablement rentrés dans une économie de réseaux dans laquelle l’ensemble des acteurs va accélérer et multiplier les échanges. Le partage de la connaissance, d’informations, la confrontation d’idées, et la création de tutoriels vont augmenter les chances de la réussite individuelle et collective, et instaurer un climat de confiance dans les relations. Voilà un moyen efficace d’inclusion et de cohérence sociales.
II - Le numérique chez les séniors
Pour ou contre ? : Les activités du numérique et de l’intelligence artificielle se développent à grands pas. L’exclusion des séniors dans l’utilisation de ces nouveaux modes de communication est à craindre. Certains considèrent que l’ordinateur se compare à une fenêtre ouverte sur le monde ; d’autres estiment qu’il vient au secours de notre cerveau. Les pessimistes prétendent que ces technologies dégradent les rapports humains, condamnent l’ère du papier pour laisser place au royaume de l’immédiateté et du virtuel. Les réseaux sociaux seraient-ils devenus des exutoires de haine, des déversoirs d’insultes exprimées dans un Français très approximatif et flanqué d’une orthographe médiocre ?
Questions, réponses :
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Le 21e siècle sera-t-il celui du digital ?
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L’innovation est-elle vraiment au service de l’individu ?
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L’informatique va-t-elle annihiler les contacts humains ?
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La robotique et l’intelligence artificielle supprimeront-elles des emplois ?
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L’illectronisme touchera-t-il les séniors et accentuera-t-il leur isolement ?
En transposant ces questions aux grandes découvertes qui ont bouleversé notre humanité (électricité, cinéma, imprimerie, automobile, photographie, etc.), on entr’aperçoit les réponses. Dire que tout est bien ou mal est excessif.
On peut comparer l’évolution de l’informatique avec celui de l’imprimerie. Ces deux technologies ont fait évoluer d’une façon considérable la culture, la communication et la connaissance. Cette industrie a régressé, certes, mais le secteur de l’informatique a créé de nombreux emplois et services ; l’offset a bien remplacé la rotative en augmentant significativement la productivité et la qualité.
L’éthique au secours de la pratique : À chaque découverte, ou innovation, les bonnes utilisations comme les mauvaises sont à optimiser. À cet égard, je ne me prive pas de rappeler qu’avec un marteau, on peut enfoncer un clou, mais aussi casser le crâne à son pire ennemi. Les comités d’éthique se développent, et c’est pour le plus grand bien de l’humanité. Ils doivent anticiper les excès, alerter des dangers et contrôler les pratiques. Par ailleurs, rappelons que nos valeurs républicaines sont indivises ; la liberté ne peut s’exercer sans égalité et fraternité. Pour assurer une bonne gestion de la transition, la vulgarisation, la sensibilisation, l’information et la formation sont de rigueur.
Savoir, c’est bien ; transmettre, c’est mieux : Les plus jeunes arrivent avec leurs ordinateurs et téléphones portables greffés au bout des doigts, avec, dans leur besace, d’autres projets de vie, et une certaine anxiété. Les plus anciens ont acquis de l’expérience et de la sagesse ; la peur d’être dépassés par la modernité, les angoisse. On bouleverse les traditions, et ce sont, cette fois-ci, les juniors qui vont former les séniors. Cette connexion cognitive intergénérationnelle renforce la solidarité, enrichit les acteurs et favorise le respect. Ne craignons pas l’informatique ; c’est un outil — rien de plus !
Les séniors sont-ils branchés ? : Selon un article de Thomas Moysan, de CB News, nous apprenons que 98 % des plus de 65 ans possèdent dans leur foyer un ordinateur, 84 % un smartphone et 63 % une tablette. Quant à leur emploi, 63 % s’en servent au moins une fois par jour pour téléphoner, 53 % échanger avec la messagerie, 40 % pour s’informer sur l’actualité, 30 % effectuer des recherches sur Internet, 27 % bénéficier des réseaux sociaux, 18 % consulter leur compte bancaire, et 11 % écouter de la musique. Pour les loisirs, les plus de 65 ans, l’utilisent, au minimum, chaque semaine, pour :
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48 % prendre des photos ou des vidéos,
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24 % prévoir des activités, 22 % payer en magasin,
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18 % regarder des films ou des séries,
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14 % profiter des jeux vidéo,
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10 % faire de nouvelles rencontres.
La visioconférence (Zoom, Skype, Weber, etc.) a été providentielle, pendant la période de confinement, pour cette tranche d’âge.
Voilà des données qui bousculent les idées reçues sur ledit illectronisme des séniors et remettent les pendules à l’heure.
Parallèlement, les services de l’état, des collectivités locales, territoriales et les métiers de la santé se numérisent. Il est très facile, aujourd’hui de prendre un rendez-vous chez le médecin avec l’application « Doctolib », la plus usitée. Cependant, pour le délai, c’est une autre affaire…
III - la e-réputation
L’effet boomerang : Un salarié sur cinq critique négativement son entreprise sur les réseaux sociaux. C'est ce que révèle un sondage sur l’e-réputation. Il nous apprend également que 86 % des personnes interrogées pensent qu’un salarié qui décrie son entreprise risque des sanctions. Par ailleurs, 16 % des fonctionnaires respectent les prescriptions de la charte comportementale, et 8,6 % du privé se prononcent en faveur de cette mesure. Ces quelques chiffres m’amènent à réagir, car, contre toute attente, la cause doit être dissociée de l’effet. Je vous propose de jeter un coup d’œil, du côté de la rue et dans le jardin.
L’arbre qui cache la forêt : Le chef d’entreprise doit, bien sûr, prendre en compte le regard négatif que porte son collaborateur sur la société. Il doit vérifier si c’est un simple mouvement de mauvaise humeur, ou au contraire, les prémices d’un vent de fronde. Si c’est à caractère individuel, cela peut révéler un rapprochement stratégique vers la porte de sortie. Si c’est collectif, le manque de dialogue, de communication, d’organisation peut être la cause d’un malaise. Dans cette hypothèse, des mesures correctives s’imposent. C’est ce qu’on peut appeler plus communément « sentir le vent venir… ».
Certains réseaux d’alliance peuvent opérer positivement, en toute transparence, et, dans ce cas, ils participent au développement de la politique de l’entreprise. À contrario, lorsqu’ils progressent sournoisement, contre les prescriptions de la direction, les détecter et les endiguer relèvent du prodige. La meilleure des stratégies, c’est d’engager une enquête sur le climat social ; c’est décoiffant, mais profitable. Pour y parvenir, la contribution d’un tiers est salutaire, car elle est dépourvue d’a priori, de sectarisme ou de sentiments.
Qui aime bien châtie bien : Certes, une faute grave mérite une sanction, car critiquer son entreprise en public (côté rue) n’est pas loyal, et surtout, peut porter préjudice. Cette sanction a une vertu en ce sens qu’elle calme temporairement les élucubrations, et endigue provisoirement la contagion.
La parole est d’argent et le silence est d’or : Madame et messieurs les salariés, twitteurs, blogueurs, facebookeurs et autres fanatiques de pokes, tags et émoticônes, tournez sept fois votre doigt autour de la touche de votre clavier avant de taper n’importe quoi et le reste. Certes, Internet apparaît comme un formidable instrument de communication, de traitement et de diffusion de l’information, de liberté, de démocratie, et c’est tant mieux. Cependant, méfiez-vous, car c’est aussi un fabuleux outil de mémoire, de traçabilité et de recherche. Comparons cela aux trains en retard ! Sur la quantité, très peu n’arrivent pas à l’heure, mais lorsque c'est le cas, tout le monde en parle.
Attention aux sous-marins ! Ils disparaissent aisément et refont surface au moment où l’on s’y attend le moins, et à un endroit imprévu ; leur finalité, c'est la furtivité...
La nuit porte conseil : Si vous avez la hargne, la haine, la rage, défoulez-vous un grand coup sur votre PC, placez votre billet bien au chaud dans un coin de votre disque dur et allez dormir. Ou, mieux encore, laissez passer quelques jours, puis reprenez tranquillement votre prose. Patinez votre propos en transformant toutes les phrases négatives en positives. Vous allez voir, c’est une véritable thérapie, et ça change la vie.
Ô Miroir, mon beau miroir ! : Pensez à soigner votre e-réputation ! Ce conseil s’applique aux personnes physiques et morales. Si vous n’y songez pas, ou si vous n’y prenez pas garde, d’autres veillent et vous observent. Pour en être convaincu, je vous propose une saine lecture. Edouard Fillias et Alexandre Villeneuve ont publié chez « Ellipses » un excellent bouquin qui s’intéresse à la chose : « e-réputation : stratégies d’influence sur Internet… »
La notation : Très utilisée pour évaluer tels établissement, magasin, société, association, cette méthode persiste malgré tout. Ça me rappelle l’école maternelle, où l’institutrice nous donnait des bons points, et, en échange d’un paquet de 10, nous obtenions une image. C’est une technique ancestrale, vieille comme Mathusalem, motivait les enfants à apprendre à lire ou à écrire, mais de là à généraliser le processus, sur tout et n’importe quoi, me laisse dubitatif. Chacun doit garder son libre arbitre, et faire ses choix en fonction de ses propres critères d’appréciation. En règle générale, toute émotion s’exprime par : « J’aime ou je n’aime pas », et dans bien des cas, les sentiments prennent le pas sur le bon sens et l’impartialité. En bref, ça manque sérieusement d’objectivité.
Les commentaires : Les commentaires vont bon train ; sur un même site, ça peut évoluer, de l’insulte vulgaire à l’éloge inconditionnel. En ce qui me concerne, je préfère de beaucoup l’évaluation orale, directe et franche ; c’est ce qu’on appelle plus communément, le compliment ou le reproche. Dans tous les cas, je fais marcher ma mémoire et j’en tire les conclusions qui s’imposent ; lorsque mes appréciations restent bonnes, je reviens, dans le cas contraire, c’est fini.
La certification : Elle demeure assurément un gage de sérieux pour la structure, et elle renforce sa notoriété et sa volonté de s’inscrire dans une dynamique de progrès, d’instaurer un travail organisé et collaboratif. Le bon manager est celui qui se dote d’outils et de démarches pour donner du sens à l’action et des valeurs partageables. Dans l’avant-dernier chapitre, ce thème sera plus largement abordé. Peu importe le type de certification, l’auditeur vous remet régulièrement un rapport ; il met en exergue vos qualités et vos défauts, vos forces et vos faiblesses, ainsi que vos dysfonctionnements.
Ce document revêt une importance capitale, car il va permettre de modifier le cap vers une autre destination ; celle du progrès. Pour y parvenir, seul le changement de méthode permettra une remise en cause individuelle et collective.
Quand le résultat vous colle à la peau ! : Le résultat du bilan et du compte d’exploitation de l’entreprise reflète, bien souvent, son fonctionnement et de son organisation. Lorsqu’ils sont négatifs, la rumeur va bon train et la réputation de l’entité se fragilise. On se souvient du sparadrap sur les doigts du Capitaine Haddock ; en termes de réputation, c’est exactement la même galère pour s’en débarrasser. Pour éviter cela, certaines entreprises prennent le parti de ne pas déposer leurs comptes, quitte à payer une amende.
IV - la déviance des réseau sociaux
Quand la déviance entraîne la défiance : La déviance actuelle des réseaux sociaux n’a pas l’air d’inquiéter les pouvoirs publics outre mesure. Rappelons que le droit d’expression a des limites que les usagers ne doivent pas ignorer (insulte, diffamation, incitation à la haine, propos racistes, xénophobie, atteinte à la vie privée et droit à l’image, etc).
Le grand fourre-tout : Twitter et Facebook seraient-ils des exutoires pour vieux frustrés, des antidotes pour complexés invétérés, ou des recueils d’états d’âme pour souffreteux cérébraux, ou pire encore, pour microcéphales congénitaux ? Seraient-ils des déversoirs de rancœurs, des vomissements d’injures et des concentrés d’invectives de tout genre ? Tout ceci est affligeant. De temps à autre, certains font de l’humour, d’autres étalent leur science, les bobos font montre de leur haute culture, et les plus lettrés emploient des mots sophistiqués et académiques ! Quant à l’anglicisme, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Là, je ne supporte plus ! Le Brexit m’a rendu quelque peu anglophobe ; depuis l’arrivée du blond ébouriffé, à la fonction de Premier ministre du Royaume-Uni, ma phobie s’aggrave.
Bref, tout ceci n’est pas très glorifiant, c’est même carrément désopilant ; ces outils n’élèvent pas le niveau, et n’engendrent pas la bienveillance. Je ne parle pas des fautes d’orthographe, de français, de conjugaison, de ponctuation, de syntaxe. Quant à certains messages incompréhensibles, ça frise l’analphabétisme, l’idiotie et le crétinisme.
Comme la plupart s’épanchent sur les réseaux avec des pseudonymes, cela n’entache en rien leur réputation. On voit, tout de suite, le courage intellectuel de ces gens qui perdent leur temps à nuire au lieu de luire, de détruire au lieu de séduire, à démolir faute de construire ; c’est dire…
Obligation d’une régulation : Le drame de Conflans-Sainte-Honorine doit contraindre tous les responsables à réagir vite en prenant des décisions correctives. Dans le cas contraire, le risque est de voir ces réseaux se transformer en machine diabolique, et ils n’auront plus rien de « sociaux ». Les dirigeants des géants du web devraient mettre à profit l’intelligence artificielle pour surveiller tout ce petit monde, avant toute récidive. Un peu d’éthique permettrait d’assainir la situation. Twitter a suspendu définitivement le compte de Donald Trump, pour incitation à la violence…
V - L'enseignement
Les tutoriels : se perfectionner sur une fonctionnalité de logiciel devient, aujourd’hui, un jeu d’enfant. Sur n’importe quel sujet, les « tutos » ne manquent pas sur Internet. Grâce à des mots-clés judicieusement sélectionnés, le moteur de recherche sélectionne quelques vidéos et l’on obtient la bonne méthode à suivre pour progresser ! Pour le débutant, la constitution de fiches techniques, est le bon procédé. Devant la multitude de solutions, un classement par des spécialistes augmenterait l’attractivité du dispositif ; une sorte de WikiTuto…
Cette précision préambulaire me paraît importante car j'attache une grande importance à l'autodidaxie. Quel que soit le sujet, elle demeurera une voie méritoire pour l'enseignement et l'acquisition de connaissances.
Confinement, pandémie oblige : la COVID nous a en a imposé plusieurs ! Pendant cette période, l’usage du dispositif numérique, et de l’enseignement à distance se sont révélés chaotiques. Malgré cela, et contre toute attente, le corps professoral a réussi à organiser les cours grâce aux applications de télétravail et de vidéoconférence. Ils ont fait preuve de créativité, de disponibilité et d’adaptabilité. La régression de l’apprentissage et les répercussions pour l’avenir de l’élève sont à craindre.
341 millions d’ordinateurs seront vendus dans le monde en 2021, soit une progression de 30 % par rapport au bilan 2019, ce qui donne un aperçu de l’impact de la pandémie sur l’économie du numérique.
La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a aussi en charge l’élaboration des statistiques du ministère en charge de l’éducation. Elle s’est mobilisée pour apporter un éclairage sur la crise sanitaire et ses conséquences.
La réforme de 2019 : elle renforce l’apprentissage de l’informatique dans tous les cursus du premier, second et troisième degré de l’enseignement et devient une véritable spécialisation pédagogique à part entière. Un nouveau CAPES est ainsi créé, et à terme, une agrégation complètera le dispositif diplômant.
Selon le ministère de l’Éducation nationale, la discipline « Numérique et sciences informatiques » permettra l’appropriation des concepts et des méthodes qui fondent l’informatique, dans ses dimensions scientifiques et techniques ». Elle sera basée sur quatre notions : les données, les algorithmes, les langages et les machines. La formation des enseignants, à ces quatre piliers, semble impérative.
Les bons outils font les bons ouvriers : si des collectivités territoriales ont investi dans l’équipement des écoliers, on peut noter des écarts considérables entre le secteur du primaire, du secondaire et du troisième cycle. Selon l’INSEE, sur l’année 2018-2019, on relève 14,4 ordinateurs pour 100 élèves d’élémentaire, contre 33,8 % pour les collèges, 43,9 % pour les lycées et 62 % pour les lycées professionnels.
Le téléphone portable doit devenir un moyen comme un autre, avec ses fonctionnalités et ses applications. Il répond à un besoin très contemporain ; l’immédiateté. En 2021, 94 % des 15-29 ans possèdent un smartphone. Et cela concerne aussi les enfants de 7 à 14 ans (55 %). Là encore, les pratiques doivent évoluer, et son usage en classe doit s’officialiser. Peut-on concevoir l’Iphone ou le Smarphone, comme le prolongement du cerveau ?
Pronote : développée par une société privée, cette « appli » a pour but de mettre en relation les enseignants, les parents, les élèves, la direction de l’établissement et l’académie. Ainsi, les emplois du temps, les notes et les absences sont gérés et transmis à qui de droit.
Les professeurs s’en servent aussi pour notifier leurs appréciations, diffuser les devoirs et les outils pédagogiques nécessaires aux étudiants, lesquels disposent d’un espace pour communiquer entre eux. Ce système autorise chaque usager, à recevoir, émettre, échanger des informations et documents, en fonction de leur statut et de leur droit. C’est, sans aucun doute, une grande avancée de l’administration qui, de ce fait, implique beaucoup plus les parents dans le suivi et le contrôle de la poursuite des études de leurs enfants. Une formation de tous enseignants (création de QCM, messagerie…) permettrait une utilisation optimale de cet outil.
Parcoursup s’adresse aux candidats à l’enseignement supérieur, afin de se préinscrire en première année. L’élève, souhaitant prolonger ses études, peut ainsi trouver tous les renseignements utiles sur les 19 500 formations répertoriées, grâce à un puissant moteur de recherche. Après avoir constitué son dossier, il bénéficiera d’un délai pour formuler et prioriser ses vœux d’admission ; il recevra, ensuite, toutes les réponses correspondantes. Une vidéo, très didactique, présente l’ensemble des fonctionnalités de l’outil.
Parcoursup fait l’objet de reproches acerbes, car la sélection se pratique exclusivement sur le mérite « qui règne de façon hégémonique ». Le manque de clarté des choix dans les algorithmes employés est critiqué, même si le dispositif précise les compétences requises et la non-hiérarchisation des candidatures. La multiplication des vœux et les résultats insuffisants renvoient les postulants sur de longues listes d’attente.
Pix* est gratuit et permet l’évaluation, le développement et la validation des connaissances en informatique selon 5 domaines de test : information et données, communication et collaboration, création de contenu, protection et sécurité, environnement numérique. L’organisme conseille, également, la certification du niveau acquis auprès d’un centre agréé en France. Cette nouvelle certification, valable 3 ans, reconnue par l’État et le monde professionnel, est applicable à tous les élèves et étudiants de France depuis septembre 2019. Pix remplace officiellement le certificat informatique et internet (C2i), le brevet informatique et Internet (B2i) et le passeport Internet multimédia (PIM).
Pix permet aux jeunes d’évoluer, se perfectionner et valider plusieurs points dans les 16 compétences attendues. Les enseignants peuvent alors proposer des activités spécifiques, mais là encore, la pratique et la formation des instituteurs et professeurs paraît indispensable.
*PIX est déployé par la DINUM — Direction interministérielle du numérique —
Les ENT : l’Espace numérique de travail, selon le ministère de tutelle, désigne « un ensemble intégré de services numériques choisis et mis à disposition de tous les acteurs de la communauté éducative d'une ou plusieurs écoles ou d'un ou plusieurs établissements scolaires dans un cadre de confiance défini par un schéma directeur des ENT et par ses annexes ».
L’uniformisation au niveau des territoires n’existe pas. La région Centre-Val de Loire a créé, NetOCentre. Cet espace de travail comprend des informations sur la vie du lycée, le cahier de textes, des outils collaboratifs, des lieux de partage et d’échange, des liens pour accéder aux autres applications (pronotes), un emplacement de stockage de documents, etc.
Cet outil a trouvé son avènement pendant la crise sanitaire.
Conclusions : Comme dans la plupart des cas, on additionne les applications avec des techniques et des conceptions complètement différentes, sachant que le donneur d’ordre est toujours le même : l’État ! L’architecture, l’ergonomie et la simplicité doivent prédominer lorsqu’on s’adresse à un grand nombre d’utilisateurs, soit :
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200 élèves du premier et deuxième cycle,
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300 enseignants répartis dans 59 650 établissements (bilan 2020),
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3 millions d’étudiants du troisième cycle.
Reste à recenser les étudiants qui se dirigent vers les différentes branches professionnelles et à organiser les flux. En regard, les régions doivent développer les GPECT — Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Carrières du Territoire — ce qui permettrait d’identifier les filières en forte tension, et celles condamnées à disparaître. Grâce à ces deux statistiques, la régulation de l'orientation trouverait une issue plus méthodologique. Travailler différemment, relève de l’exploitation empirique de la boule de cristal…
L’Éducation nationale est indubitablement dirigée vers les techniques de l’information et de la communication et l’on ne peut que s’en réjouir. L’école de demain doit se placer au niveau de l’excellence en empruntant les voies de l’inclusivité, l’innovation, la pluralité des disciplines et l’adaptabilité.
La plus importante des réformes consisterait à mettre en place un progiciel de gestion intégrant la gouvernance des ressources humaines et la rémunération des membres du corps enseignant avec pour finalité de :
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Renforcer du sentiment d’appartenance,
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Individualiser les relations avec l’administration,
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Gérer et stocker les entretiens d’évaluation,
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Administrer et mémoriser tous les mouvements relatifs à la santé, à la formation, aux congés, aux progressions des qualifications, à l’évolution des salaires, au suivi de la carrière, etc.
En revanche, au niveau du recensement des effectifs, on n’est pas à l’abri de nombreuses surprises.



