Définition : « Développement qui correspond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations suivantes à répondre aux leurs. »
Par le petit bout de la lorgnette : Les écologistes ont gagné du terrain dans le paysage politique français. Ils se sont infiltrés dans un grand nombre d’associations, d’administrations et autres instances influentes. Certes, l’environnement est devenu une inquiétude majeure, mais une bonne gouvernance ne se limite pas à gérer cette seule thématique mais consiste à répondre à un maximum de préoccupations et aspirations de la population.
Le pinceau à trois couches : Certains éco-centriques nous incitent à tout peindre en vert pour mieux voir la vie en rose. Ceux, qui naguère adulaient le rouge, se retrouvent soudain dans la mouvance écologiste. L’observateur averti ne se laissera pas berner. Les poètes branchés déclament maintenant les célèbres vers « le bonheur est dans le pré “vert” cours-y vite ». Je m’étonne que les intrigants professionnels n’aient pas encore arraché nos drapeaux tricolores pour déployer leur étendard en guise de ralliement.
J’implore Saint-Pierre et Lucifer pour qu’une réconciliation eucharistique s’amorce afin d’envisager la réunification du paradis et de l’enfer pour un meilleur uni-vert !
En vert et contre tous : Une dérive dans le discours et le positionnement politique des verts est à déplorer. John BADEN, président « Foundation for Research on Economics and the Environnement » et membre du ICREI [1], écrit : « Là où les choses ne vont plus, c’est lorsque, au nom de leur conception d’un ordre écologique, ils entendent imposer aux autres la vision du marché par le moyen d’un état contraignant et tentaculaire. »
La conférence des Nations Unies qui s’est tenue à Rio de Janeiro au Brésil en juin 1992 a retenu 27 principes dont le premier précise que : les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.
La trilogie en perspective : L’interopérabilité des propriétés environnementales, de l’efficacité économique et de l’équité sociale, ouvre de nouvelles perspectives pour un autre paradigme et est créateur de valeurs. L’ancrage de ce concept dans notre quotidien se fera par consentement, mais certainement pas sous le joug des ayatollahs en herbe. Il s’intègre parfaitement dans la complexité du monde du vivant et l’adhésion de nos congénères s’obtiendra par le dialogue et la concertation. Le changement doit s’établir avec une planification stratégique bien adaptée au contexte social et sociétal. À l’heure où le dérèglement climatique fait des ravages, où la crise énergétique frappe à la porte de nos maisons, où les ressources naturelles s’amenuisent, et où la famine et la misère sévissent toujours, ce mode de gouvernance réduira les effets néfastes. Déterminons ensemble les étapes à franchir, fixons-nous des objectifs ambitieux et vérifions-les grâce à des indicateurs pertinents.
La RSE [2] à la rescousse : Dans les grands groupes structurés, cette responsabilité s’est imposée comme une véritable spécialisation fonctionnelle. Assisterions-nous à la fin du règne de la dynastie des directeurs des DRH ? Serions-nous à l’aube d’un réveil comateux ? Prendrions-nous enfin conscience de la dimension du climat social, de la santé et du bien-être des collaborateurs, de la motivation, de l’attractivité de la mission et de l’impact du style de management sur l’économie ?
Aucune réponse catégorique ne peut répliquer à chacune de ces interrogations. En revanche, l’engagement patronal pour instaurer une politique réformatrice est indispensable.
La démarche qualité, et particulièrement la version 2008, a concouru à faire évoluer la gestion des ressources humaines dans les entreprises. La RSE se positionne également comme un véritable enjeu de la société moderne. Les établissements privés et publics doivent adopter ce concept inédit. Il mobilise les effectifs, préconise le partage de valeurs, redonne au travail ses vertus ancestrales et trace la voie de l’insertion professionnelle. Une autre ère se dessine et une nouvelle lame de fond bousculera les anciennes pratiques, rénovera les relations humaines et redistribuera les profits.
La loi Pacte [3] : alors que les pouvoirs publics ont reconnu que la définition de l’entreprise n’octroyait pas la notion d’intérêt social, ils corrigent cette erreur en créant la qualité d’établissement à mission. Ce texte permet aux sociétés, dès leur inscription au registre du commerce, d’exercer, dans le cadre de leur activité, des objectifs conformes aux exigences des trois piliers du développement durable, déclarés dans leurs statuts avec le fichier SIREN [4]. Le décret du 2 janvier 2020 en précise les modalités d’application et prévoit un contrôle par un organisme tiers dûment agréé.
Voici une excellente nouvelle en espérant qu’à terme, les candidatures progresseront à bon régime et se généraliseront.
Le bilan en 3D
1. Économie et finance : L’obligation du dépôt des comptes au greffe du tribunal de commerce [5] s’est convertie, au cours du temps, en usage. Les grands groupes compilent leurs chiffres annuels agrémentés de commentaires et réalisent un fascicule dédié aux salariés et à tous les partenaires. Pour les plus communicants, cette parution fait l’objet d’une rubrique sur leur site WEB. Beaucoup de collectivités locales et territoriales publient de façon exemplaire leurs résultats sur une brochure.
Par ailleurs, les firmes cotées en bourse connaissent bien ce chapitre. Une bonne et saine information positionne les actionnaires, les clients, les fournisseurs et les collaborateurs dans un climat de confiance.
2. Le bilan social [6] et la gestion prévisionnelle des emplois et des carrières [7] sont obligatoires pour des entités de 300 salariés et plus. Les effets de seuil sont pervers, car trop d’entreprises se limitent dans leur développement pour échapper à certaines contraintes liées aux effectifs. Lorsqu’ils s’y soumettent, la corrélation entre les actes et leurs résultats est peu probante.
3. La revue environnementale [8] se caractérise comme étant une approche analytique et méthodique qui intègre les relations entre les différents éléments, les répercussions compensatrices, synergiques ou antagonistes. Elle mesure notamment la réduction de tous les impacts sur l’écosystème.
Les grandes sociétés, principalement celles cotées en bourse, ont opté pour la certification ISO 14001 et établissent un rapport annuel. D’autres créent leur propre cahier des charges, et réalisent un état comparatif et évolutif.
Conclusions : soyons ambitieux et entraînons toutes les entreprises dans cette dynamique y compris l’administration. L’élaboration d’initiatives pour inciter et encourager tous les acteurs socio-économiques à emprunter cette voie vertueuse s’avère indispensable afin d’accélérer le mouvement. La finalité est d’assurer la convergence et l’interdépendance harmonieuse des trois piliers du développement durable. Ce triptyque est incontournable pour les années à venir et il se construit à partir d’une approche consensuelle (art. L.110 code de l’environnement).
C’est plus qu’un état d’esprit ou une profession de foi, c’est une nouvelle philosophie pour notre société moderne et un fabuleux espoir pour les prochaines générations. Un début de fil rouge a commencé à être tressé avec la fibre du bon sens, du respect, du partage et de la solidarité. Les sciences et les techniques joueront un rôle important pour faire progresser notre cadre de vie.
L’éthique prend toute sa place dans la construction de notre avenir. Nous devons être tenaces, car « avec le temps, va, tout s’en va [9] », tout s’érode et s’étiole. Préparer notre destinée, c’est faire preuve de clairvoyance, de civisme et de responsabilité sociale et sociétale.
[1]ICREI = Centre international de recherche sur les problèmes environnementaux
[2] RSE = Responsabilité sociétale des entreprises
[3] Loi PACTE = la loi PACTE du 22 mai 2019 a instauré aussi le plan d’épargne retraite.
[4] SIREN = Système d’Identification du Répertoire des Entreprises
[5] Code de commerce : articles L232-21 à L232-6
[6] art. L 438-1 du Code du travail
[7] GPEC : loi Borloo du 8/01/05
[8] Source = www.dictionnaire-environnement.com
[9] Chanson de Léo Ferré
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