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Succession de crises ou changement d'ère

Dernière mise à jour : il y a 17 minutes

Fait le 20 novembre 2024 - par Yves MASSOT

Évolution ou mutation : bon nombre de journalistes et personnalités politiques commentent à tout va les différentes crises politiques, économiques et sociales que nous traversons. Les qualificatifs, les superlatifs et les critiques acerbes ne manquent pas. À cet exercice, certains experts zélés se sont fourvoyés comme Jacques Attali, appelé également « le marabout de Tonton ».

L'histoire de notre humanité nous rappelle que le changement est permanent. En revanche, lorsque de trop nombreux évènements, phénomènes ou réformes interviennent simultanément, cela provoque de sérieuses perturbations. Nous sommes entrés résolument depuis plusieurs années dans une profonde mutation. Vouloir en définir toutes les caractéristiques, causes et conséquences serait présomptueux. Un faisceau de faits marquants est, sans aucun doute, révélateur d’une modification de cap de nos modes de vie à savoir :

  • La mondialisation ;

  • Les innovations conséquentes ;

  • L’instabilité géopolitique, les conflits ;

  • La vulnérabilité due à la pandémie ;

  • Les courants de pensée toxiques ;

  • La puissance des réseaux sociaux ;

  • L'image dégradée des élus ;

  • Le réchauffement climatique ;

  • Le vieillissement de la population ;

  • L’épuisement de nos ressources ;

  • Le recyclage, le 2e usage ;

  • Les pollutions galopantes ;

  • La recherche sur la biogénétique ;

  • L’accroissement de la pauvreté ;

  • L’exode climatique ;

  • Les usages des consommateurs.

  • Etc.

L''enjeu est d'accepter les opportunités favorables pour construire un nouveau modèle de société moderne, viable et durable.

La démographie mondiale : entre 1960 et 2024, la population mondiale est passée de 3 à 8,2 milliards. À cet égard, Claude LÉVI-STRAUSS [1] a déclaré :

« Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai connu, celui que j’ai aimé, avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’individus ; ce n’est plus le mien. »

Cette évolution démographique est le talon d’Achille de notre planète en ce début de 21e siècle. L’ONU publie, le 3 mai 2011, que l’humanité pourrait s’élever à 9,3 milliards de personnes vers 2050, mais après avoir toutefois passé un cap de 10,1 milliards d’ici 2030. Pour rappel, l’Inde est désormais le pays le plus peuplé, avec 1,425 milliard d’habitants. Paradoxalement, d’autres nations voient leur taux de natalité fortement baisser comme la Lettonie, la Lituanie et la Pologne.

Le rapport 2009 de l’UNPFA[2] précise : « L’effort à long terme, nécessaire pour conserver un bien-être collectif pour être en équilibre avec l’atmosphère et le climat, exigera, en fin de compte, des modes viables de consommation et de production. Nous les atteindrons et les maintiendrons que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement compatible ».

Le changement climatique : les travaux du GIEC[3] se sont conclus par des alertes préoccupantes. Le principe de précaution s’applique et les dispositions appropriées s’imposent. Le protocole de Kyoto a parfaitement défini les enjeux et les mesures d’observance correspondantes. Les orientations et les engagements du sommet de Copenhague et les différents G8 et G20 qui ont suivi restent décevants, voire attristants.

En revanche, la COP 21 a été un vrai succès puisque 175 pays ont signé, au siège de l’ONU, l’accord de Paris sur le climat pour maintenir le réchauffement planétaire à 1,5 degré. WWF[4] titre sur son site Internet « La transition énergétique dans le monde est en marche ». L’ère du charbon se termine et la fin de l’extraction du pétrole est programmée. Pendant que Laurent FABIUS classait ce dossier aux archives, Donald Trump reniait son engagement afin de sanctuariser l’économie des USA et téléguidait Boris Johnson pour achever le Brexit.

Je n’avais pas bien compris pourquoi le Général de Gaulle avait ordonné, le 9 septembre 1965, le retrait de la France de l’OTAN, et invité les Américains à rentrer chez eux. Rien n’a changé, car l’hégémonie de la puissance américaine demeure persistante. La récente élection de Donald TRUMP ne me dit rien qui vaille.

La raréfaction des énergies fossiles : les faits sont là, les quantités restantes sont évaluées et le rétroplanning est établi. La course est engagée, mais certains états ont déclaré forfait. Pour éviter le chaos, une diversification équilibrée de l’utilisation des ressources et un programme d’économie d’énergie drastique seront nécessaire.

À titre d’exemple, l’électricité représente 57 % des dépenses énergétiques des ménages (hors carburants) pour 24 % au début des années 60.

La recherche : pendant des lustres, ces deux domaines ne cohabitaient pas, bien au contraire ; ils se faisaient concurrence, et grâce au milieu médical, les pratiques évoluent. Désormais, les pays et les continents collaborent sérieusement face aux maladies orphelines, aux cancers, aux pandémies. Pour la COVID19, la mise au point du vaccin a fait l’objet d’une course contre la montre par les laboratoires afin d’endiguer l’épidémie et remporter le marché du siècle.

L’innovation technologique : la régie autonome des transports parisiens a automatisé les lignes 1 et 4 du métro. Rappelons l’existence de la voiture sans chauffeur de Google, du robot qui exécute des tâches en l’absence de programmation et de l’exosquelette ?

À chaque exemple, nous errons entre effarement et éblouissement. N’oublions pas, comme le soutient Marc GIGET[5], que le point de départ de l’innovation, c’est l’homme, et l’aboutissement, c’est toujours l’homme.

L’intelligence artificielle va perturber notre quotidien, et nous nous trouvons qu’aux prémices de cette technologie. Est-ce un bien ou une menace pour notre liberté, notre intégrité, notre devenir ? J’aurai l’occasion de revenir sur ce passionnant sujet.

Le manuel de l’innovation : le Manuel d’Oslo édité par l’OCDE[6] a classé l’innovation en quatre domaines : 

  • Moderniser l’usage d’un produit, par l’introduction d’un bien, d’un service ou d’un composant ;

  • La mise en œuvre d’une méthode de fabrication novatrice ou de distribution originale implique des changements significatifs dans la chaîne de valeur ;

  • ·L’application d’autres pratiques de commercialisation entraîne des modifications pertinentes dans la conception, le conditionnement, le placement, la promotion ou la tarification de la marchandise ;

  • L’adoption d’une organisation du lieu ou du poste de travail génère un accroissement de la productivité.

La 3e édition de ce manuel a réalisé de sérieux progrès depuis la parution du premier ouvrage. Elle étudie l’impact économique, prend en compte l’expérience acquise et établit les liens entre les différents types d’innovations à savoir :

  • Incrémentale : de caractère moindre, elle participe à une évolution progressive du produit ou du service, mais peu observable et quantifiable ;

  • Disruptive : elle concrétise une scission totale et irréversible dans les processus et la chaîne de valeur ; le bon exemple est l’iPhone ;

  • Fonctionnelle : elle introduit de nouvelles activités dans l’entreprise comme la RSE ;

  • Productive : elle standardise les méthodes, et les procédures, pour accéder à une meilleure maîtrise des coûts.

Les révolutions technologiques déstabilisent et les risques sont majeurs. Aujourd’hui, les TIC ont déstructuré nos pratiques, et demain nous aurons à rencontrer les NBIC (Nanotechnologie, Biotechnologie, Intelligence artificielle, sciences Cognitives). 

Les organisations qui réussiront seront celles qui assureront l’interopérabilité entre la gestion des connaissances, un usage de la veille[7], un travail collaboratif, et l’utilisation d’outils modernes et performants adaptés au métier.

L’innovation doit prendre place dans la politique de l’entreprise. Tous les salariés sont concernés par cette thématique et son fondement repose sur l’imagination créative, la méthodologie, le management des idées, la culture générale et la dynamique de groupe.

La clé du succès d'une innovation réside à identifier préalablement ce qui est bon pour le consommateur, ce qui est concevable par la technologie, et ce qui est viable sur le marché.

L'économie de service : elle consiste à créer de la valeur ajoutée aux produits par des services complémentaires. Ce concept n’épargne aucune activité et se développe considérablement. Voici trois exemples pour illustrer cette évolution :  

  • Rank Xerox : cette société a stoppé la commercialisation de ses machines et a proposé leur mise à disposition comprenant l’entretien. La facturation client s’établit sur un barème proportionnel au nombre de photocopies effectuées.

  • Michelin : la firme clermontoise offre aux compagnies aériennes la vente de pneumatiques à l’unité ou à l’atterrissage, en y intégrant le service et le rechapage.

  • Marché de l’automobile : La location longue durée des voitures représente 60 % des immatriculations de véhicules neufs. La prestation comprend la gestion du crédit, l’entretien, l’assurance, la restitution du bien en fin de contrat ou une option d’achat.

De Gutenberg à Bill Gates : l'imprimerie et les travaux de l’édition ont rencontré de dramatiques difficultés. De 2004 à 2014, le volume d’activité a chuté de 30 %. La liquidation judiciaire du groupe Lasky[8] de Tours (Mame) remonte au 15 avril 2010. Cet évènement a jeté l’émoi dans la population tourangelle. Le secteur le plus touché a été celui des TPE[9]. La crise sanitaire a aggravé la situation et en 2020, 77 firmes françaises de cette branche ont rencontré des problèmes.

En contrepartie, grâce à l’informatique et aux télécommunications, la productivité a augmenté depuis 1995, dans plusieurs pays (États-Unis, Allemagne, Australie, Canada, Corée du Sud, Finlande, France, Japon, les Pays-Bas et la Suisse).

Par ailleurs, les spécialistes affirment que les activités numériques vont révolutionner l’enseignement. Le confinement a mis à l’épreuve les professeurs des écoles et des lycées tout comme les élèves et les étudiants. La dématérialisation a permis d’éviter le pire, quoi qu’on en dise. Je réserverai un chapitre sur ce sujet.

L’économie de la connaissance : les responsables politiques de l’Union européenne ont consenti à moderniser en profondeur la gestion des pays membres, afin de maintenir notre concurrentialité vis-à-vis des États-Unis, et d’autres grands acteurs. Au mois de mars 2000 à Lisbonne, le Conseil européen a fixé un objectif ambitieux :

« L’économie de la connaissance doit être la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une meilleure cohésion sociale ». 

L’innovation, les TIC et l’intelligence artificielle constituent les trois fondements de l’entrepreneuriat moderne.

La gestion et l’organisation de l’information sont nécessaire pour la rendre pertinente, accessible et lisible. Les outils comme l’intranet, la plateforme collaborative, le site Internet, le blog, le cloud, et la data-base, doivent être soigneusement structurés afin d’atteindre une forte attractivité. Fini le temps où le petit chefaillon organisait sa coutumière rétention des communiqués de direction et autres notes de service pour mieux exercer son pouvoir.

Internet ouvre une fenêtre sur le monde, un pourvoyeur de la connaissance, un lieu d’échanges, une base de données, une mémoire collective et un antidote à l’exclusion. Complétez votre savoir, voyagez, prenez le large et surfez.

Le client est roi : la société de consommation est, elle aussi, en complète mutation. Les différentes lois sur le consumérisme et les associations ont participé à cet essor. Les enseignes de la grande distribution perdent leurs repères, et les rentabilités s’amenuisent. Le besoin légitime de nos concitoyens d’améliorer leur condition de vie devient écoresponsable et « consom’acteur ».

Information - Traçabilité - Origine - Bilan carbone - Proximité - Choix - SAV - Label - Disponibilité - Notation - Classification - Qualité - Composition - Date de péremption.

Tels sont les mots clés du consommateur de demain. Le e-commerce est en développement exponentiel. La FEVAD[10] évalue son chiffre d’affaires à 147 milliards d’euros pour l’année 2022, soit une progression constante depuis 2005. Les sites de comparaison de prix se multiplient. Là encore, les pratiques et les usages sont en plein bouleversement.

Inventons le commerce du futur avant, pendant, et après la vente. Le concept multicanal permet d’acquérir le meilleur taux de conversion[11]. 39 millions de Français achètent en ligne dont 9 internautes sur 10.

Dernière minute : l’épidémie du coronavirus a renforcé le commerce électronique avec le « click and collect »[12], le drive et la livraison à domicile. Le télétravail s’est imposé comme la planche de salut d’une partie du secteur tertiaire. Le ministre de l’Économie, Bruno LEMAIRE, a donné la tonalité des décisions stratégiques à prendre en déclarant : l’entreprise sécable[13] ne sera plus de mise.

Changement social et sociétal : l’espérance de vie continue sa progression. Les centenaires Français pourraient passer, d’ici à 2050, de 8500 à 120 000 personnes.

Nous nous dirigeons rapidement vers des fratries à quatre générations. Par ailleurs, le divorce augmente et touche 44,7 % des mariages en 2009, selon l’institut national démographique. Le nombre de familles recomposées croît et par voie de conséquence, toutes ces évolutions ne sont pas sans poser de complication à moyen et long terme.

Du village gaulois à la mondialisation : nous sommes très vite passés du national au mondial. Arnaud Montebourg, le chantre du slogan « made in France » et le dompteur d’abeilles, est le seul à prôner un repli stratégique sur l'hexagone. Certes, l’ouverture du marché à l’international présente de sérieux inconvénients mais ouvre de belles perspectives pour le consommateur. Elle ne se limite pas à l’économie, mais s’étend à la culture, l’information, la communication, l’environnement, l’énergie, au tourisme, etc. C’est l’espace de notre humanité !

Changement d’ère : désormais, rien ne sera plus comme avant. Ne nous lamentons pas sur les effets nocifs des crises successives. Nous devons concevoir ensemble notre avenir. Les Français désirent une amélioration conséquente du progrès social, du pouvoir d’achat, de l’employabilité, une éradication de l’inflation et une réduction des inégalités, mais rares sont ceux qui acceptent le changement. Seule, l’élection d’hommes et des femmes capables de relever ce défi, de donner du sens et de la cohérence à leurs programmes, nous permettra de participer activement à construire notre futur dans un climat de fraternité et de paix.


[1] Claude Lévi-Strauss, (1908-2009), est un anthropologue et ethnologue français qui a exercé une influence majeure à l'échelle internationale sur les sciences humaines et sociales dans la seconde moitié du XXᵉ siècle. (Source Wikipédia)

[2] UNFPA = Fonds des Nations Unies pour la population. Le siège est à New York.

[3] GEIC = Groupe d’Experts Inter gouvernemental sur l’évolution du Climat

[4] WWF World Wildlife Fund est une ONG internationale créée en 1961 vouée à la protection environnementale et au développement durable. (Wikipédia)

[5] Marc Giget est un entrepreneur français, professeur, expert en prospective et innovation. Il est membre de l’Académie des Technologies (Wikipédia)

[6] OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique : elle œuvre pour la mise en place de politiques pour une vie meilleure.

[7] Appelée aussi l’Intelligence économique

[8] Le groupe Laski : Le tribunal de commerce de Tours a prononcé la liquidation les deux principales activités du groupe Laski le 29 juin 2011. L'imprimeur Mame, connu pour être l'un des premiers imprimeurs de Balzac et de la Bible, disparaît ainsi que sa filiale, l'imprimerie Gibert Clarey, spécialisée dans les manuels scolaires. L'arrêt de l'activité rotatives du groupe Laski entraîne la suppression de 255 emplois sur 340. (Article de Stéphane Frachet du journal les Échos du 40 juillet 2011).

[9] TPE = Toutes petites entreprises – moins de 11 salariés

[10] FEVAD = Fédération du e-commerce et de la vente à distance

[11] Le taux de conversion consiste à mesurer le nombre de visiteurs de vente en ligne converti en acheteur.

[12] Click and collect = Le client commande sur Internet et va récupérer son produit dans le point de vente physique.

[13] Les services supports demeurent dans l’Hexagone, et la production est externalisée dans un pays à bas coût de main-d’œuvre !

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